top of page

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’amour maternel : une petite définition des enjeux que la notion soulève : 

 

L’amour maternel est une notion qui soulève de nombreuses questions. Sa date d’apparition et son développement sont le sujet de nombreux ouvrages, même si aucun fait précis n’a encore été établi. L’idée prédominante quand on parle d’amour maternel est la théorie de l’attachement, l'idée d’un enfant nécessitant au moins une personne répondant à ses besoins, et l'attachement des parents, envers leur progéniture. On peut se questionner sur de nombreuses choses, comme savoir si cet amour est inné, commun à toutes les sociétés…. Jacques Gélis, spécialiste de l'histoire de la naissance écrit « l’intérêt ou l’indifférence à l’égard de l’enfant ne sont pas vraiment la caractéristique de telle ou telle période de l’histoire. Les deux attitudes coexistent au sein d’une même société, l’une l’emportant sur l’autre à un moment donné, pour des raisons culturelles et sociales qu’il n’est pas toujours aisé de démêler » (MOREL Marie-France, "L'amour maternel : aspects historiques", (en ligne), Cairn, 2001, p.29-55, n°18. ) Ainsi, nous voyons bien qu’il semble difficile de pouvoir définir une période précise pendant laquelle la notion d’amour maternel aurait atteint une forme de paroxysme. 

 

Cependant, le XIXème siècle, comme certaines autres périodes, comporte des représentations pouvant illustrer l’amour maternel, laissant donc penser que cette notion n’était pas inconnue à l’époque. Au XVIIIème siècle, se met en place  une exaltation de l'idée d'amour maternel. La vie de l’enfant prend une valeur nouvelle. Aux époques précédentes, notamment du Moyen Âge jusqu’au XVIIème siècle, seulement 1 enfant sur 4 survivait durant les premières années de vie. Avec la longévité de la vie de l’enfant qui évolue au XVIIIème, XIXème et XXème siècle, celui-ci devient un membre à part entière de la famille, et des représentations le mettant en scène émergent plus fréquemment. Durant cette période, l’intêret pour l’enfant peut se voir dans la société avec en 1899 la création de la Société Française de pédiatrie, où la santé des nouveaux êtres devient un enjeu central. L’intêret que l’on porte aux enfants peut également se constater dans la littérature, de plus en plus importante, y compris celle consacrée aux souvenirs de la jeunesse au début du XXème siècle, que ces souvenirs soient présentés comme réels ou fictions, tels, en 1900 « Claudine à l’école » de Colette, en 1912  « la Guerre des boutons » de Louis Pergaud…. 

L’enfant : sa place dans la famille : 

 

Du XVIIème siècle au XVIIIème siècle, les mères des classes aisées procédaient à un recours très courant : la mise en nourrice de leur enfant. Avant le XIXème siècle, l’enfant était perçu comme un être qui ne pouvait être « intéressant », et surtout extrêmement fragile. C’est seulement au XIXème siècle que la naissance d’un enfant va engendrer dans la famille un nouveau venu attendu (encore une fois, chez les classes aisées). Il devient une personne chérie de ses parents, et principalement d’une personne bien définie : sa mère. Avec la baisse de la mortalité infantile, l’attachement se renforce.

 

Pour les historiens, se pose la question de savoir si l’intérêt porté à l’enfant durant cette période du XIXème siècle vient exclusivement de la baisse de la mortalité infantile ou d’autres facteurs ? En 1762, Jean-Jacques Rousseau, écrivain et philosophe suisse, publie un traité « Émile ou De l’éducation ». Ce traité est un ouvrage de philosophie d’éducation. Dans cette publication, l’auteur prêche la bonne éducation des enfants, en excluant le recours aux nourrices, et en valorisant la fonction de mère. Cet ouvrage a eu un succès retentissant dans la bourgeoisie et la petite noblesse, proposant ainsi aux mères d’acquérir une conscience de leur(s) enfant(s). La fonction de mère se retrouve ainsi valorisée, exaltant une forme de gratification de ce rôle ainsi qu’un plaisir à l’exécuter. Ce sentiment est tel qu’en 1841, Honoré de Balzac, écrivain français, publie dans son œuvre « Mémoires de deux jeunes mariées » cette phrase : « Une femme qui n’est pas mère est un être incomplet et manqué ». En effet, dans son œuvre, il met en place une relation épistolaire entre deux jeunes mariées, Renée de l’Estorade, et Louise de Macumer. Madame de l’Estorade, venant d’expérimenter la joie qu’est d’être mère, se précipite pour écrire une lettre à son amie, pour lui faire part de ce sentiment nouveau qui l’envahit, et de cette nouvelle conception de la vie qui s’ouvre à elle. Ici, c’est l'épanouissement d’une forme de vocation maternelle qu’il est possible de constater, bien qu’en 1860 un enfant sur deux ne soit toujours pas élevé par sa mère mais par une nourrice. 

 

 

 

 

Sources pour cette partie : 

BENHAÏM Michèle, "ambivalence maternelle", (en ligne), Spirale, 2002, p.99-107, n°21. 

https://www.cairn.info/revue-spirale-2002-1-page-99.htm

MOREL Marie-France, "L'amour maternel : aspects historiques", (en ligne), Cairn, 2001, p.29-55, n°18. 

https://www.cairn.info/revue-spirale-2001-2-page-29.htm?ref=doi

STORK Hélène, "Enfance (les connaissances) - La petite enfance", (en ligne), Encyclopedia Universalis

http://www.universalis-edu.com.ezpaarse.univ-paris1.fr/encyclopedie/enfance-les-connaissances-la-petite-enfance/

WIKIPÉDIA, "amour maternel", (en ligne), Wikipédia, 2008. 

https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Amour_maternel&oldid=190831321

Qu'est-ce que l'amour maternel ? 

Auguste Renoir, Madame Georges Charpentier et ses enfants, 1878, MET, NY.jpeg

Auguste Renoir, Madame Georges Charpentier et ses enfants, 1878, huile sur toile, 153.7 x 190.2 cm, metropolitan museum of art, New-York.

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/438815

Avec l’apparition de la bourgeoisie de l’époque moderne, les familles aristocrates développent un intêret pour la représentation de portraits de famille, montrant leur réussite aussi bien sociale que familiale. Chez ces familles aisées, l’amour maternel est certaines fois palpable. 

Même si généralement ces commandes sont réalisées dans le but de montrer une réussite, et non une scène intime, quelques détails peuvent laisser penser à un amour de la part de la mère envers les enfants, comme dans l’œuvre Madame Georges Charpentier et ses enfants d'Auguste Renoir (1841-1919), peint en 1878. Dans cette œuvre, de nombreux détails laissent voir l’accomplissement économique de la famille, comme le décor d’inspiration asiatique sur une sorte de mur/paravent à l’arrière-plan, le vase sur la table… Mais ici, ce qui est intéressant, c’est de constater l’amour presque caché de la mère. Celle-ci semble dans une forme de retenue, posant pour le peintre, et pourtant, sa main gauche sur le canapé, pouvant laisser au premier abord, penser qu’il s’agit d’une pause, laisse s’imaginer la possibilité d’entrevoir, avec  ce geste, la preuve de l’attachement de la mère à ses enfants, comme si avec son bras elle cherchait à les protéger en délimitant l’espace dans lequel ils se trouvent. 

James Tissot, portrait du marquis et de la marquise de Miramon et de leurs enfants, Orsay,

James Tissot, Portrait du marquis et de la marquise de Miramon et de leurs enfants, 1865, huile sur toile, 117 x 217 cm, musée d’Orsay, Paris.

 

https://www.arts-in-the-city.com/2020/04/01/a-la-loupe-james-tissot-portrait-du-marquis-et-de-la-marquise-de-miramon/

Un autre artiste représentant de nombreux portraits familiaux, est James Tissot (1836-1902), peintre français ayant exercé une partie de son activité en Angleterre. En 1865, il réalise le Portrait du marquis et de la marquise Miramon et de leurs enfants. Dans cette œuvre, la mère est représentée dans sa fonction de gérante de la famille. C’est elle qui tient dans ses bras l’enfant le plus jeune, et à côté d’elle le père tient une sorte de bâton qu’il tend, preuve qu’il sait maitriser sa famille en ayant une main ferme ? La question peut ici se poser. L’amour maternel dans cette œuvre semble ne pas être présente au premier abord, cependant, la position de la mère, tenant son enfant comme le présentant, est-elle la preuve d’une certaine fierté? C’est une hypothèse que l’on peut émettre. 

James-Tissot-The-Garden-Bench.JPG

James Tissot, Le banc de jardin, 1882, huile sur toile, taille non précisée, collection privée.

8XXDJA-James-Jacques-Joseph-Tissot-Le-banc-de-jardin

Quoi qu'il en soit, James Tissot, en 1883 réalise Sur le banc de jardin une scène où l’amour maternel semble bien plus palpable et réaliste. Dans cette œuvre, la mère tient la main de son jeune garçon, et le regarde avec passion, tandis qu’une de ses filles est allongée contre son dos, et que l’autre regarde le spectateur. La mère semble absorbée par son fils, qu’elle regarde avec une forme de fierté. Est-ce ici l’image d’une forme d’adoration devant l’individu qu’est devenu l’enfant ? Indéniablement, la tendresse qui émane de cette œuvre est remarquable. 

© 2022 by Cassiopée Guillet and Lucas Dupré. Proudly created with Wix.com

bottom of page